Retour sur la « Transatlantique Québec Saint-Malo »
S’engager sur une transatlantique à la voile, ce n’est jamais anodin !
Deuxième participation pour Nicolas sur les traces de Jacques Cartier et les Terre-Neuvas
Traverser l’Atlantique à la voile, que ce soit pour la première ou la centième fois, cela reste un exercice et une aventure particulière. Que ce soit en course, en équipage, en solitaire, en monocoque ou multicoque, dans tous les cas les notions d’autonomie, de gestion de risque, de faire face aux éléments ou aux imprévus, d’endurance, de préparation et bien plus encore… sont mises en exergue en permanence.
En France nous avons une chance unique de bénéficier d’un écosystème de compétences, de fournisseurs et d’infrastructures de qualité qui permettent la préparation de courses au grand large dans des conditions optimum. En tant que skippers, chefs de projet et coach expérimentés, nous savons anticiper les aléas engendrés par l’éloignement géographique de nos « bases ».
Le programme 2024 du circuit Class40 offrait à tous les skippers professionnels et amateurs une boucle Atlantique intéressante sur le plan sportif, et exigeante sur le plan technique et logistique
C’est ce que nous avons dû gérer lors de la course Transatlantique d’Est en Ouest, la Niji40, durant laquelle nous avons abandonné au milieu de l’Atlantique en décidant de bénéficier de l’archipel des Açores pour se mettre à l’abri et en sécurité, puis exposer calmement les options pour la suite de la saison.
Après une préparation en Bretagne du matériel nécessaire à la remise en état du Class40, j’ai pu décoller avec un second skipper préparateur professionnel pour 10 jours de préparation technique intense à Horta aux Açores avant de reprendre la mer en convoyage direction Québec. 12 jours de mer durant lesquels la préparation technique a continué pour s’achever dans les eaux saumâtres du fleuve Saint Laurent.
15 jours à Québec
J’avais eu l’opportunité de découvrir Montréal et Québec lors de ma participation en 2016 à cette mythique Transat. Cette fois-ci nous avions une liste de préparation technique encore importante pour rendre le bateau le plus fiable possible pour réussir le double défi de ramener le bateau en course en France avec un nouvel équipage qui n’avait encore pas mis les pieds à bord de ce Class40 type scow de 2023.
C’est avec une certaine satisfaction que nous prenons finalement le départ de la 10ème Transat Québec Saint-Malo parmi 24 équipages, constitué en majorité de professionnels entraînés.
15 jours à travers l’Atlantique Nord
Descendre le Saint-Laurent nous aura pris 4 jours, puis traverser le banc de Terre-Neuve et son épais brouillard, pour enfin allonger la foulée vers le vieux continent. Cette édition aura été marquée par son vent plutôt faible et pour nous par une superbe performance à travers la dépression la plus forte du parcours.
60 heures dans plus de 35 nœuds de vent, avec des pointes de rafales à 59 nœuds et un Class40 PogoS4 qui surfe entre 22 et 26 nœuds pendant une journée et une nuit quasi entière ! Exigeant, sur le plan physique bien que la mer n’était pas forte. Sur le plan mental tous les capteurs sur le qui-vive ont permis de placer le curseur risque au bon endroit en considération de tous les paramètres du jeu. Nous devons composer de manière précise et harmonieuse pour finalement terminer la course après 15 jours de mer.
Même avec la meilleure des préparations, un équipage fait face à l’adversité. Sur 24 concurrents, tous n’ont malheureusement pu finir. Un équipage a dû abandonner son bateau suite à une collision avec un cargo, d’autres ont dû rejoindre la terre la plus proche suite à des problèmes structurels ou encore abandonner à 1 jour de l’arrivée suite à une grand voile déchirée en deux.
14ème sur 24 bateaux
Nous pouvons être fiers de notre trace à travers cet Océan. Finir est un exploit quand vous partez avec un bateau qui n’avait encore jamais fini de transat, avec un équipage manquant probablement d’entrainement et de préparation. Alors finir classé 14ème sur 24, c’est une sacré récompense !
C’est ce que je retiendrais de cette saison 2024 qui fut tardive, intense, exigeante et pleine de surprises. Placer le curseur au bon endroit, c’est comme une recette de cuisine réussie : sourcer les ingrédients de la meilleure qualité n’est pas toujours possible, mais c’est dans la mise en œuvre que le plat prend forme et que les saveurs se subliment. L’équilibre est parfois fragile, mais rien ne remplace l’expérience, la lucidité et la régulation permanente. J’ai pris énormément de plaisir à naviguer sur ce Class40 « scow », rude à vivre mais capable de performances impressionnantes !
Cette nouvelle génération de Class40 s’avère d’autant plus exigeante qu’elle sollicite le matériel et l’équipage de manière violente. La rigueur dans la préparation, la maintenance et l’utilisation de ces bateaux est très similaire à ce qu’exige les bateaux plus grands et plus puissants comme les IMOCA.
C’est une réalité inflationniste à tous les niveaux. Pour jouer les meilleures places, un budget, une équipe, des entrainements et de l’endurance deviennent rigoureusement indispensables.
Le projet qui réunit tous ces paramètres pourra s’exprimer sur le plan sportif, mais aussi sur le plan humain avec des navigations pour les partenaires d’autant plus riches de sensations et d’émotions partagées !
C’est d’ailleurs ce que nous vous proposons en courses et en expéditions et peut-être ensemble avec toutes vos prenantes jusqu’à la Route du Rhum 2026.
Bravo pour votre engagement et performance sur cette course Québec / Saint Malo 2024 du circuit Class 40 !
Je serais ravi de vous voir au départ de la route Rhum 2026, je vous souhaite de réussir ce magnifique projet !
Sportivement.
Bonjour Pierre, je vous remercie pour votre message d’encouragement !